INTEGRATION SCOLAIRE ET RECRUTEMENT AVS : 2004 à 2007 RIEN N'A CHANGE
ROCKSTROH Marie-Pierre Lagardelle, le 14 septembre 2004
5 impasse des Bleuets
D.E.S.C.O.
Madame C......
Chargée de Mission AIS
107 rue de Grenelles
PARIS 75007
Chère Madame,
Ayant rencontré de gros problèmes lors de la rentrée scolaire 2004, pour mon enfant Violette, et sur les conseils d'HANDISCOL, je crois qu'il est de mon devoir de citoyenne française et de Maman de vous faire part de mes interrogations.
Violette a trois ans depuis le mois de mai 2004. Elle a une diplégie spastique des membres inférieurs suite à une anoxie cérébrale. Nous avons fait la demande d'intégration scolaire en mars dernier auprès de la commission de circonscription (CCPE) qui après réunion pédagogique et avis favorable a fait suivre le dossier auprès de la CDES de la Haute-Garonne.
Nous avons reçu en mai dernier la notification de décision favorable pour l'attribution d'une auxiliaire de vie scolaire pour l'année 2004-2005.
Nous étions heureux pour Violette et confiant dans le bon déroulement de la suite des évènements.
Or, la veille de la rentrée scolaire nous apprenons par la directrice de l'école, qu'aucune auxiliaire de vie n'est prévue pour Violette et que nous devrons garder notre enfant à la maison.
Après avoir téléphoné à l'Inspection Académique de la Haute-Garonne, à l'inspectrice de l'AIS, à l'inspecteur de circonscription, au secrétaire du CCPE, force à été de constater que personne n'était touché par ce problème. La seule réponse donnée : "il y a pénurie d'AVS et les recrutements ne se feront que le 15 septembre", notre fillette devant attendre début à mi-octobre pour être scolarisée. Dans mon entourage, deux personnes se portaient volontaires pour assurer provisoirement et bénévolement le relais auprès de Violette.
J'ai suggéré cette solution à l'Inspection Académique, en précisant l'existence de la circulaire 83-02 qui fait mention de cette alternative. J'ai également eu droit à un refus. Tout est resté très flou puisque personne ne prenait de décision en se protégeant derrière son"devoir de réserve".
J'ai donc fait appel à France 3, qui a répondu présent immédiatement, pour faire un petit reportage sur les problèmes rencontrés sur le terrain, alors qu'en théorie tout semble parfait pour faciliter l'intégration.
Le deuxième jour d'école je suis allée, avec ma fille, dans le hall de l'établissement scolaire en signe de désapprobation et par respect des droits de Violette identiques me semble t-il à ceux des autres enfants.
La directrice a téléphoné à l'inspecteur de circonscription, qui s'est déplacé et m'a signifié qu'il avait trouvé une solution pour nous. Une institutrice à mi-temps à l'école primaire du village, était d'accord pour assurer l'autre mi-temps auprès de Violette.!!!!!!
En fait, il a fallu que je me batte et que je sois gênante, pour qu'ils daignent se sentir concernés !
Ma fille est donc scolarisée. Ceci étant et au nom de tous les autres parents qui se sont résigné et n'ont pas eu gain de cause parce qu'ils n'ont pas fait pression, voici mes questions et doléances :
1°) je n'ai eu connaissance du guide HANDISCOL que parce que j'ai la chance d'avoir une sœur institutrice spécialisée en Lorraine et parce qu'HANDISCOL me l'a envoyé par courrier.
Ne serait-ce pas plutôt à la CDES de distribuer ce guide aux parents, dès lors qu'ils font la démarche d'une demande d'intégration scolaire ?
2°) pourquoi le contenu de ce guide n'est-il pas connu des personnes compétentes ? (à savoir la circulaire 83-02 n'étaient plus en vigueur selon leurs dires !) Je trouve cela inadmissible ! Ce guide n'a pas été établi en vain, mais bien pour aiguiller tous les protagonistes d'une intégration !
3°) pourquoi m'a t-on dit, lors de la réunion pédagogique en mars, que si l'AVS était malade mon enfant devait rester à la maison ? (cela non plus n'est pas stipulé sur le guide)
4°) pourquoi l'Inspection Académique de Toulouse a attendu début septembre pour s'apercevoir que tous les dossiers favorables ne pourraient prétendre à l'attribution d'une auxiliaire de vie ?
7°) pourquoi ne font-ils les recrutements qu'à partir du 15 septembre prochain ?
8°) pourquoi l'intégration étant le "fer de lance" du gouvernement, les pouvoirs publics en place dans les régions et départements ne jouent-ils pas le jeu ?
9°) pourquoi seule la directrice nous a t-elle tenu au courant de la situation ? Nous n'avons reçu à ce jour aucun courrier de l'inspection académique ou de la CDES, depuis l'avis de décision favorable en mai dernier?
10°) pourquoi faut-il se battre pour que nos enfants aient les mêmes droits que les autres alors que tout a été pensé pour que justement nous n'ayons pas à nous battre ?
11°) pourquoi y a t-il des personnes incompétentes et inhumaines dans le service public qui jouent à "PONCE PILATE" et vous font comprendre que ce n'est pas leur problème ?
12°) pourquoi ces mêmes personnes ne mettent pas en application les directives du Ministère duquel elles dépendent ?
(Si vous voulez des noms j'en ai tout un panel qui mériteraient qu'on leur "remonte les bretelles")
Notre parcours difficile, celui de parents d'enfants handicapés, qui ont dû faire le deuil de la" normalité", qui suivent leurs enfants dans les centres de rééducation et surveillent leur parcours atypique, ce parcours donc, ne mérite pas l'ajout d'une nouvelle bataille dans le droit à la non-différence.
Savez-vous l'énergie dépensée, les émotions vécues, les craintes, les faux-espoirs, les combats, les pleurs et les joies ? Pouvons-nous accepter, en France, ce constat lamentable, et penser le lendemain de la rentrée scolaire : "je ne suis pas fière d'appartenir à un pays ou certaines valeurs sont bafouées par des personnes sans cœur ou sans implication dans leur travail ?" Pour toutes ces raisons je dis "NON".
C'est pourquoi, je vous demande de bien vouloir entendre ma colère et ma peine, vous qui justement œuvrer pour le bon fonctionnement et la mise en place de cette "INTEGRATION SCOLAIRE" à laquelle je tiens profondément pour Violette et pour tous les autres enfants dans son cas.
Je vous remercie d'avoir bien voulu prêter attention à ma lettre.
J'espère sincèrement avoir de vos nouvelles et je vous prie de croire Madame en l'assurance de mes respectueuses salutations.
MP. ROCKSTROH
Nous n'avons jamais eu de courrier en retour, de la part du Ministère.
Les problèmes soulevés dans ma lettre sont toujours d'actualité pour d'autres familles.
Quant à Violette, tout va à peu près bien. En tout cas au niveau AVS.
*AVS : auxilaire de vie scolaire
*D.E.S.C.O : Direction de l'enseignement scolaire - Ministère de l'EN
*AIS : aide à l'intégration scolaire